Après le séminaire consacré aux « Figures du pouvoir » et les deux années consacrées à « Aliénation et impuissance », la proposition 2024-2025 aura pour thématique la question de l’autorité.
Et pour visée non pas la notion « Autorité » avec un A, employée à tout va au point d’être inconsistante, mais une clinique serrée des dimensions de l’autorité qui s’entrelacent dans la clinique médicale et les pratiques soignantes.
Vous trouverez l’argument dans la pièce jointe, ainsi que les modalités pratiques.
Ci-dessous une mise en appétit :
Depuis une trentaine d’années, l’autorité médicale est contestée, en particulier par les malades qui ne veulent plus être considérés comme des patients infantilisés et réclament de jouer leur rôle dans la « démocratie sanitaire ». Combattue comme perspective paternaliste, l’autorité médicale est appelée à se transformer pour faire place à l’usager autonome. « Délivrez-nous de l’autorité médicale ! » est à entendre comme un lointain prolongement de l’esprit des Lumières, en face d’un des derniers bastions où se maintenait naguère une autorité fondée à la fois sur la tradition et le charisme personnel et sur le droit exclusif d’intervention légitime sur le corps.
A y regarder de plus près, si on envisage la relation entre médecin et malade comme un rapport social et qu’on cherche à en spécifier ce qui s’y joue sous le prisme de l’autorité, on constate un entrelacs de plusieurs dimensions (légale et juridique, épistémique, psychologique, morale et même éducative) mais aussi une porosité de la clinique médicale aux tribulations plus globales de l’autorité. Ainsi, dans nombre d’états démocratiques, l’autorité de l’Etat est curieusement de plus en plus prégnante pour ce qui concerne les soins de santé, dépossédant médecins et malades de quelques-unes de leurs prérogatives. La place croissante des réseaux sociaux, la disponibilité de l’information médicale (Internet), le recours à l’intelligence artificielle, déplacent les sources d’autorité traditionnellement en jeu (et parfois en conflit) dans la relation clinique, à savoir l’expérience vécue du malade (qui renvoie aussi à « l’autorité de la première personne ») et l’expérience professionnelle du médecin, acquise par la combinaison du savoir scientifique et de l’exercice pratique, au profit d’une autorité normative de l’opinion. Si bien qu’on assiste aujourd’hui à une diversité de configurations, toutes plus ou moins traversées par une crise de confiance.
A qui me fier, s’interroge le malade, en quête d’autonomie mais soumis à une cacophonie de discours ? Suis-je digne de confiance, s’interroge le médecin praticien, auquel on oppose les experts et bientôt l’IA? Peu importe dans le cadre du contrat de soins qui sécurise les parcours et accrédite les établissements, répond le gestionnaire.
Nous essayerons, en entrant dans le cœur des pratiques cliniques, de décortiquer cet entrelacs, et d’y voir plus clair sur ce qu’on appelle aujourd’hui, peut-être hâtivement, la crise de l’autorité.
Avec mes meilleurs sentiments
Jean-Christophe WEBER
Plus d'informaitons : argumentaire du séminaire